Scellé par l’avenant n°12 entre l’UNCAM et les syndicats officinaux, le bilan partagé de médication est officiellement entré en vigueur. Destiné à suivre les patients âgés de plus de 65 ans atteints d’une maladie chronique et les plus de 75 ans polymédiqués (prise de 5 molécules et plus), il répond à une démarche de prévention de santé publique. Son objectif est de diminuer le risque iatrogénique et d’améliorer l’observance.
Relais de proximité et vecteur de confiance
Le bilan de médication répond à un nouveau positionnement dans le parcours de santé du patient et à une nouvelle attente, que révèle un sondage Odoxa de mars 2018. En effet, 71% des Français (dont 77% des 18-24 ans et 76% des malades chroniques) pensent que les pharmaciens devraient jouer un rôle de santé accru en s’occupant davantage des patients et de leurs prescriptions. Passer voir son pharmacien plutôt que son médecin est une pratique courante pour 6 Français sur 10. Une majorité souhaite même voir cette relation se moderniser puisque 63% des sondés sont demandeurs d’une application de mise en relation avec le pharmacien.
Symbole de l’élargissement des nouvelles missions du pharmacien, le bilan partagé de médication renforce son rôle de conseil et le rend légitime pour proposer ensuite d’autres services. Il transforme le modèle économique de l’officine et donne un nouveau tournant à la relation patients pharmacien. Perçu comme un relais de proximité et de confiance, ce professionnel de santé s’érige encore davantage comme un interlocuteur de choix pour dialoguer avec son patient sur les traitements avec son patient. L’assurance maladie souligne que les malades chroniques souffrent souvent d’effets indésirables négligés par le médecin prescripteur. S’ensuivent alors absence de prise, voire négligences et oublis.
Grâce à un suivi inscrit dans la durée, le pharmacien scelle un lien de confiance qui passe principalement par l’écoute. Cette communication en one to onenécessite d’ajuster l’information transmise en vérifiant notamment le niveau de connaissances. Certains patients s’informent sur internet de leurs symptômes, maladies ou d’un traitement via les forums ou réseaux sociaux. Or trop d’information tue l’information, sans oublier de s’adapter à leur niveau d’attente.
Interprofessionnalité autour du patient
Le Comité de valorisation de l’acte officinal (CVAO) rappelle que pour réussir le bilan de médication partagé, il est important de présenter les bons éléments de langage qui vont rassurer le patient et de partager les avancées obtenues. Il recommande enfin de répondre au patient sur la complémentarité et la coordination avec le médecin traitant.
Le bilan partagé de médication repose en effet dans son fondement sur la coordination des soins autour du patient. L’outil, innovant et attendu, s’inscrit dans une volonté de recentrer le soin, non plus autour de l’acte, mais de l’accompagnement d’un parcours chronique. Il vient renforcer l’inter-professionnalité et améliorer la relation médecin – pharmacien qui se cantonne parfois à un échange de mail lors d’une erreur de délivrance. Cette communication s’avère essentielle pour améliorer la circulation de l’information au bénéfice du patient.
Médecins et pharmaciens peuvent pour cela s’appuyer sur des outils connectés et sécurisés de partage qui favorisent la transmission des données du patient. C’est notamment le cas de la messagerie sécurisée de santé, du dossier médical partagé (DMP) et les outils de télé-partage. On ne manquera pas d’y voir l’opportunité d’une utilisation accrue des applications mobiles de santé. Selon les résultats du dernier Baromètre connecté, présentés début avril 2018, 78% des médecins et 60% des pharmaciens se disaient prêts à utiliser une tablette tactile lors de leur rendez-vous.
Reste à tirer les bénéfices de cet outil plébiscité par patients, médecins et pharmaciens.
A vous de en communiquant au mieux sur l’intérêt de la démarche qui instaure un nouveau rapport au soin, plus individualisé et préventif.