fakenewsDésinformation ou manipulation, les fake news en santé sont amplifiées par les réseaux sociaux et reprises à tort. Comment les repérer et les combattre ? Décryptage.

Les fausses informations les plus partagées sur la toile sont celles qui touchent à la santé dixxit l’Observatoire de l’information santé. Une étude des Décodeurs a analysé 101 intox sur Facebook classées par thèmes. La santé gagne haut la main avec 7 695 216 interactions sur un total de 377 articles. Du lien présumé entre vaccin ROR et autisme aux vaccins combinés qui seraient moins sûrs, les fake news deviennent virales ou font le buzz, vidéos et post circulant sur les réseaux sociaux à vitesse grand V. Le 1er janvier 2015, c’était une dépêche AFP qui titrait « le cancer dû à un manque de chance ». En moins de 2 heures, l’emballement médiatique était lancé. Or, les chercheurs qui ont publié cette étude reprise par l’AFP n’avaient étudié qu’une trentaine de cancers.

Selon une étude réalisée par 4 chercheurs de l’Université de Bordeaux/CNRS, la moitié des études scientifiques, dont la plupart sont reprises par la presse, sera finalement invalidée par de nouvelles études, mais sans qu’aucun média n’en fasse cette fois-ci l’écho.

Fragment d’information d’origine, étude mal interprétée ou dénaturée, voire, intentionnellement fausse… elle aura entre-temps été relayée et retweetée, parfois des millions de fois, entrainant des campagnes de désinformation causant un véritable climat de suspicion. Or il n’y a qu’un pas ténu entre les deux.

 Réagir avec les bons outils…et la bonne attitude   

« Les fausses informations scientifiques sont des fake news comme les autres ». Ce message de l’Inserm a été relayé à l’occasion du lancement de sa chaîne YouTube : « Canal Detox ». Dans une vidéo décalée, l’instance a choisi de combattre les idées reçues par l’humour. Message reçu ! En 24 heures, son teaser recevait déjà plus de 100 000 « likes » sur les réseaux sociaux. Sa nouvelle série entend valoriser la parole scientifique et vérifier les informations qui circulent en santé. Version campagne de communication, chaine You Tube ou vidéo, il est urgent de ne pas laisser s’ébruiter des idées fausses.

En écho au projet de loi lancé contre les fake news début janvier 2018 par le gouvernement, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn a elle aussi fait de la guerre contre les fake news médicales une priorité invitant « les médecins à être les ambassadeurs de la science et du rationnel face à l’obscurantisme ». Dans un contexte de défiance à l’égard des experts et du médicament, il est du devoir des professionnels de santé de faire preuve de pédagogie. Pour ce faire, la communication est l’un des principaux vecteurs à l’égard des patients pour savoir expliquer et surtout…rassurer !

Médecins, pharmaciens ou salariés de l’industrie pharma sont également exposés au risque de diffuser des fake news. Avant de relayer une information, vérifiez toujours vos sources en les recroisant. Interrogez-vous aussi sur le contenu, la date de publication et l’émanation de son auteur. Esprit critique et objectivité intellectuelle doivent primer.

Le Directeur du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI) propose quant à lui de créer un dispositif de type service public du web qui permette de labelliser les pages web en indiquant ce qu’en pensent les « meilleurs chercheurs, enseignants, étudiants, journalistes ou citoyens ».

Une loi contre les « fake news » changera-t-elle la donne ? Pas si sûr car sa définition et ses contours restent flous. Et quid du risque des dérives liberticides alors que la liberté d’expression est déjà malmenée ? Le meilleur garde-fou reste la vigilance, la communication et, comme le montre l’Inserm, l’humour !