Disparition des noms fantaisies sur les emballages des médicaments d’automédication, mise en exergue de la dénomination commune et du dosage sur les boîtes, les marques ombrelles sont de nouveau ciblées par l’ANSM qui souhaite réduire les risques d’erreurs médicamenteuses.
Inquiétude du marché de l’automédication
Sous la pression des syndicats de pharmaciens demandant la suppression des marques ombrelles lorsqu’elles sont sous double statut médicament et dispositif médical, l’ANSM a entendu tous les acteurs du médicament le 16 novembre 2017.
Leur disparition programmée ferait peser une grave menace pour les médicaments vendus sans ordonnance en automédication selon l’AFIPA (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable). L’activité représente environ 10% du chiffre d’affaire des officines et près de 37% de sa croissance selon l’association. Les nouvelles conditions d’étiquetage requises par l’ANSM qui devraient faire disparaître les marques au profit du principe actif et de l’emballage neutre risquent surtout de semer la confusion auprès des consommateurs, souligne son vice-président, Pascal Brossard, soit l’effet inverse de ce qui est justement souhaité.
Les packagings similaires sont en effet stigmatisés et accusés d’être sources d’erreur pour les consommateurs. Selon une enquête Vivavoice commanditée par l’ANSM et réalisée fin octobre 2017, la commercialisation de gammes de médicaments sous marques ombrelles serait perçue comme source de confusion pour 66% des Français, 74% des pharmaciens et 79% des médecins. Près de 38% des sondés pensent d’ailleurs que tous les médicaments d’une même gamme contiennent les mêmes substances alors que 17% estiment qu’ils peuvent être pris ensemble pour une efficacité accrue.
Si les deux projets de recommandation préparés par l’instance sur l’étiquetage et les noms des médicaments voient le jour comme cela devrait être le cas, ils n’auront cependant pas d’effet rétroactif.
Nom du médicament : vers un véritable casse-tête
Sur 400 nouvelles dénominations qui lui ont été soumises en 2016, l’ANSM en a rejeté 269, soit plus de la moitié. Et les chiffres pourraient encore bondir dans les prochaines années. Pour passer les tests règlementaires validés par l’instance, mieux vaut ne pas avoir un nom trop proche des médicaments déjà commercialisés pour respecter le droit de la propriété intellectuelle et ne pas risquer de créer la confusion dans l’esprit des patients. Autre contrainte pour les labos, services règlementaires et agences de naming consultées : ne pas communiquer sur le fait que la substance soit positive, sous-entendu, qu’elle ait un but thérapeutique. Il est également interdit d’utiliser dans le nom des prénoms, des suffixes et préfixes jugés valorisants (de type « ultra », « sur » ou « super), mais également des anglicismes, des superlatifs, des lettres isolées et des références de type bio. Et exit les allégations santé ! Sur une dizaine de noms retenus et plusieurs mois de travail, sans compter le budget alloué, beaucoup passent à la moulinette.
Reste alors pour les labos à trouver des noms fantaisistes, mais qui risquent de ne plus vouloir rien dire et de s’éloigner encore du but premier du médicament et de son objectif de santé publique. Il leur faudra également devenir plus créatifs et exigeants pour parvenir à commercialiser plusieurs spécialités dans une même gamme.