shutterstock_386304535Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 50% des traitements prescrits dans le monde sont mal ou peu suivis. Un problème de santé publique majeur auquel la communication santé apporte des réponses adaptées.

La thématique était au cœur du festival communication santé fin novembre 2015. Riche d’enseignement, un sondage mené par Opinionway/Welcoop montre que seules 42% des personnes ayant suivi un traitement au cours des 6 derniers mois l’ont intégralement respecté (assiduité, posologie). Pourtant, vieillissement de la population oblige, plus de 20% des Français sont aujourd’hui atteints d’une affection de longue durée (ALD), dont 30% ont plus de 50 ans, et sont astreints à la prise d’un traitement régulier au long cours, que ce soit pour l’asthme, le diabète ou l’hypertension artérielle.

                                         

Traiter mieux et moins cher : les enjeux de la non-observance

La non observance a d’abord des conséquences médicales. Vecteur de complications, le suivi aléatoire est non seulement source de thérapeutiques moins efficaces, mais peut également générer des effets délétères sur la santé, voire, diminuer la qualité de vie des malades. La non observance joue également sur l’efficience du système de santé et a un cout en termes de santé publique et non des moindres ! Selon l’étude IMS Health/CRIP, elle couterait en France chaque année 9,3 milliards d’euros. Multiplication des consultations supplémentaires ou des hospitalisations qui lui sont directement liées grèvent le budget. D’où la nécessité de rendre le malade acteur de son traitement et de le responsabiliser dans le cadre d’une stratégie d’éducation thérapeutique bien menée et non plus cantonnée à l’univers hospitalier.

 

Responsabiliser le patient, informer, communiquer

Les raisons invoquées pour la non observance sont diverses. Elles concernent principalement l’oubli, la crainte des effets secondaires et la lassitude. Elles mettent surtout en lumière le besoin d’information des patients sur leur maladie, son évolution et le risque encouru, mais soulignent également l’importance de renouer un lien de confiance entre médecins, pharmaciens et malades. De nombreuses études ont en effet souligné que les patients qui communiquaient bien avec leurs praticiens prenaient mieux leur traitement. Accompagner le malade, c’est le faire adhérer à son traitement et donc le convaincre à accepter sa maladie.

 

Changer le regard sur la maladie et le traitement

Cette adhésion doit s’inscrire au cœur du parcours de santé et de prise en charge de la maladie chronique. Elle nécessite l’implication de tous les acteurs, des fabricants et industriels aux pharmaciens. Pour cela, plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre. La 1ère d’entre elles consiste à changer le regard de la maladie pour motiver les patients et leur faire accepter plus facilement les traitements et ses contraintes. La communication santé, notamment digitale, offre des alternatives intéressantes en travaillant avec des associations de patients. Certains laboratoires proposent aujourd’hui des campagnes de communication grand public, des webséries ou films internet fondées sur l’information, le storytelling et dans lesquels les héros sont les patients chroniques. En suscitant des émotions positives et en valorisant le médicament comme une innovation au service de la maladie et de ses symptômes, le patient a plus de chance de vivre positivement le suivi de son traitement pour un impact bénéfique.

 

 

Concevoir des outils ciblés d’aide à l’observance

Pour faire face au manque de temps et à l’absence de relations fréquentes en face à face entre le soignant et son patients, les sites internet pratiques dédiés à la gestion de la maladie et facilitant la vie quotidienne (donner des recettes pour les diabétiques, des conseils d’utilisation pour les inhalateurs dans le cadre de l’asthme…) favorisent également l’assiduité en aidant à mieux informer le patient et son entourage. Les forums d’échange ou plateformes de mise en relation entre malades, qui peuvent confronter leur expérience, voire entre malades et professionnels de santé, à condition d’être correctement modérés, doivent eux aussi être vus comme des outils intelligents mis au service de l’observance.

 

Le numérique comme ressource clé

Les nouvelles technologies et l’irruption du digital dans la santé au service des patients et de professionnels ont changé la donne. Elles permettent d’abord d’analyser pour chaque patient les causes de la mauvaise observance mais aident aussi à lui fournir une information adaptée, l’idée étant d’être utilisés par les professionnels de santé non dans un but de surveillance ou de sanction, mais d’accompagnement et de meilleure adhésion au traitement. Du pilulier connecté au système de SMS de rappel conçu par certains hôpitaux pour rappeler l’heure de la prise, des solutions innovantes voient le jour et créent des opportunités d’adhésion individuelles. Facilitant l’information pour plus d’efficacité accrue, elles renforcent l’éducation thérapeutique tout en avançant vers une prise en charge personnalisée. Reste à se rappeler que les meilleures chances de succès seront de développer ces objets ou applications avec les patients et pas seulement pour les patients.